Je vais commencer par des affirmations généralistes pour bien donner le ton de cet article :
« Les pauvres au smic ou moins ont bizarrement toujours un IPhone et une énorme télé etc.…, s’ils arrêtaient d’acheter plein de trucs pas très importants ils ne seraient plus vraiment pauvres en fait. (Sous-entendu : donc c’est leur faute s’ils sont pauvres). », ou autre exemple plus concret : « Dans le prix d’un parfum, c’est 20% de taxes, 30% de marge du magasin et 45% de marketing (seulement 5% de matière première donc) » (les chiffres varient un peu selon la source mais c’est bien cet ordre de grandeur) : « Ah bah, si les gens sont c*ns et continuent à acheter c'est normal que ces boîtes se fassent de la thune sur eux, c'est aux gens de changer. ». Qui n’a pas déjà entendu ou pensé ces phrases ? Elles semblent logiques, elles sont presque comme des… réflexes.
Pourtant, et on va le voir dans cet article, après réflexion la vision inverse paraît bien plus logique (spoiler : que je partage, vous l’aurez compris). « En fait ce sont les boîtes, qui n’ont aucun intérêt à ce que les gens réfléchissent, qui ont tendance à les rendre c*n et à les abrutir, juste pour se faire de l'argent sur eux ». Certains pourraient bondir à entendre cette phrase. Si c’est votre cas, lisez mes arguments et je suis ENSUITE complètement ouvert à la discussion dans les commentaires, du moment que c’est constructif !
Je suis en effet convaincu que les boîtes n’ont aucun intérêt à ce que les gens soient plus réfléchis, par conséquent c’est naturel de constater qu’elles modifient la société pour qu’elle tende vers ça. Je ne parle pas d’une réelle manipulation planifiée en mode complot mondial Illuminati, mais plutôt une somme de valeurs partagées, qui changent les mentalités et les font tendre vers un « idéal » qui en réalité ne profite pas vraiment à tous, seulement une minorité. En effet, on peut dire que les entreprises se servent des « faiblesses » des gens. Comment ? Elles jouent sur nos émotions (qui sont naturelles) : l’envie, le plaisir, le bonheur etc. Mais dans le fond au final on n’est pas vraiment plus heureux et nous on n’y gagne pas spécialement.
Cet article va donc expliquer tout ça, vous vous en doutez ça ne va pas se faire en 2 phrases. A terme nous allons voir qui est à l’origine et qui entretient la société de consommation actuelle (qui pose de nombreuses problématiques face à l’écologie).
Tout d’abord un autre exemple : si on regarde l'industrie du textile et de la mode, ils feraient beaucoup moins de profits si les gens n'achetaient pas des vêtements à tout va, souvent pour ne jamais les mettre (car ils en ont déjà beaucoup trop). C'est dans leur intérêt de faire en sorte que les gens achètent et posent des questions après. Ils dépensent chaque année des sommes faramineuses en publicité et marketing pour nous pousser à le faire, au final l’investissement pour réaliser ces pubs (la prise de risque) se retrouve très souvent rentable sinon ils ne le feraient pas. C'est écrit nulle part dans notre code génétique que l'on veut toujours plus, qu'il faut tout consommer et jeter rapidement sans un regard en arrière. Donc à partir de là, pourquoi on le fait maintenant ? La réponse est plutôt simple... Je vous envoie vers la fabrique du consentement qui détaille comment tout ça est apparu (le nom sonne complotiste je sais mais ça ne l’est pas promis) ...
Nous sommes des êtres basés sur l’émotion et non la raison
J’insiste sur le fait que nous sommes des êtres irrationnels avant tout, des êtres émotionnels. En effet « réfléchir », l'action d'utiliser sa raison, est fatiguant et coûteux en énergie, par conséquent on a tendance à l'éviter le plus possible, c'est un principe naturel. C'est ce qui caractérise la nature le mieux : faire le plus possible en prenant/coûtant le moins, ce qu'on appelle aussi l'efficience. Si pour un lion le coût en énergie de toutes les « courses » (pour chasser ou pour passer le temps) était plus élevé que ce qu'il « gagne » en mangeant une antilope, alors les lions seraient éteints depuis longtemps. Par conséquent les lions, quand ils ne chassent pas, ne font absolument rien pour économiser de l'énergie. Ils ne peuvent pas chasser en continu car sinon les antilopes finiraient par s’éteindre, et les lions aussi. Il est parfaitement logique que ce principe s'applique à nous aussi, par conséquent lorsqu’il y a conflit entre un élément extérieur et ce principe (je vais détailler ce conflit juste en dessous) doit-on remettre en cause la nature elle-même ou juste le système construit par les humains ? (Et je ne parle pas d’écologie ici même si l’idée est similaire).
On dépense la grande majorité de notre énergie au travail, il faudrait qu’on en dépense encore pendant notre temps libre, nos loisirs ? Non. D’ailleurs je pense que la meilleure définition de loisir est : « une activité qui consomme le moins d’énergie possible… voir même qui nous en redonne ». Alors bien entendu il y a « énergie et énergie ». Je m’explique : certains vont aller courir pendant leur loisir, donc ils y dépensent de l’énergie « physique ». Mais ce n’est pas exactement de celle-là que je parle, si je peux dire. Je parle surtout de « l’énergie mentale », de l’énergie qui ne rapporte rien (pas de satisfaction ou autre).
Ce n’est pas clair ? En général nos vies sont régies par « l’habitude », on fait beaucoup de choses sans trop se poser de questions « car on l’a toujours fait ». Par exemple on achète la plupart du temps les mêmes desserts, ou les mêmes viandes, on va faire nos courses aux mêmes endroits etc. Car « se poser des questions » c’est utiliser de l’énergie. Pour le même résultat ici, à la fin on est repus de la même manière. Qui ne s’est jamais plaint du chamboulement du « rangement » des rayons de son hypermarché préféré ? Chaque prise de décision est fatigante sur le principe.
Les entreprises profitent de ce fait pour nous présenter de nouveaux produits sensés améliorer notre quotidien, le faciliter. Sauf qu’en réalité l’amélioration est en priorité du côté du chiffre d’affaires de cette même entreprise, très souvent à nos dépens. Les smartphones ? Ils facilitent la vie oui, car on a accès à plein de choses sur le même appareil. Sauf que dans le même temps notre vie privée est en danger (utilisée pour les revenus des GAFAM pour l’instant, mais qui sait plus tard ?) car la plupart des gens ont la flemme de refuser les autorisations. Et c’est sans parler de la dépendance qu’ils causent, notamment chez les jeunes enfants qui passent du temps dessus qu’ils auraient pu passer à lire ou sociabiliser. Quand on sait que beaucoup d’acteurs des GAFAM refusent à leur enfants l’utilisation de leurs produits, ça en dit long…
Plus on nous facilite la vie et moins il faut s’étonner que les dernières générations soient plus flemmardes que les précédentes (ce qui pose problème au travail et au capitalisme de manière globale il paraît…). Et sinon si on revient sur un exemple précédent, pourquoi les magasins chamboulent les rayons de temps en temps ? Pour qu’on passe du temps à chercher ce qu’on achète d’habitude sans regarder autour, dans le but que l’on « découvre » de nouveaux produits et les essayons (bien entendu aux dépends de notre portefeuille et de notre temps).
Les entreprises « profitent » de nous en nous poussant à fond dans nos pulsions à très court terme (parfois au détriment du long terme, à travers de l’endettement etc) pendant que ces mêmes entreprises ne font rien que s'en mettre plein les poches à n'en plus savoir quoi faire de cet argent (tout en détruisant la planète – bon je le reconnais je vais un peu loin !). On ne peut pas appeler ça éthique, ni du progrès. Pire encore, on peut même considérer que c'est de l’abus de faiblesse. Tout comme des personnes peuvent profiter de la vieillesse d'une autre pour l'arnaquer (ce qui est pénalement condamnable de nos jours) ou d’un enfant en lui proposant une sucette et de sa naïveté, ici ce sont des entreprises qui profitent de « l'émotivité des masses » pour leurs propres intérêts. Ça reste quelque chose de condamnable car nous ne sommes que des victimes dans l'histoire, et c’est bien l’intention de celui qui en profite qui compte. Or la définition de toute entreprise c’est de chercher avant tout à faire de plus en plus de profits (lisez la première ligne du second paragraphe), CQFD.
Les entreprises font des recherches et des études pour profiter de nos faiblesses – parfois à la limite de la manipulation dans leur intérêt
Voilà pourquoi nous sommes en effet des victimes avant tout. Pourquoi ? Car les entreprises ont dépensé et dépensent encore des sommes faramineuses dans des « études » (de consommation, de psychologie, de comportement etc). Elles dépensent de l’argent pour comprendre les réflexes des particuliers, dans le but de les exploiter. Comme je disais c’est l’intention qui compte, c’est à partir de là que nous sommes des victimes. Quand quelqu’un profite de vous et de votre nature et qu’il passe même du temps à chercher comment le faire mieux, c’est votre faute peut être ?
Des exemples ? Les soldes. Parce qu’un produit est 20% moins cher alors on va l’acheter, puis puisqu’on y est on va en acheter un autre (alors qu’on n’en avait pas besoin, sinon on l’aurait déjà acheté plus tôt non ?). Les soldes sont à l’heure actuelle les moments où les magasins vendent le plus, d’ailleurs on en a vu une multiplication ces 20 dernières années, l’exemple le plus parlant est avec le « Black Friday », maintenant suivi du « Cyber Monday », puis en fait maintenant c’est toute la semaine… et quelques semaines plus tard il y a des soldes de noël etc. S’ils vendent le plus à ce moment-là, c’est que les gens dépensent plus. Qui sont donc les gagnants ? Les magasins. Pourquoi ? Car sinon ils ne le feraient pas tout simplement, il ne faut pas croire qu’ils font ça pour rendre les gens heureux ou je ne sais quoi, c’est pour l’argent et rien d’autre, rappelez-vous le but de toute entreprise. S’ils le font c’est qu’ils gagnent plus d’argent qu’en temps normal. Or s’ils y gagnent c’est forcément au détriment des consommateurs… puisqu’ils « consomment » leur argent.
Autres exemples : il a été prouvé qu’agrandir les caddies fait acheter aux gens plus, car on a tendance à chercher à le remplir inconsciemment (bien entendu ça ne marche pas à l’infini). Les produits plus « indispensables » en hypermarché, ceux que la plupart des gens achètent comme du lait, des œufs ou même des pizzas, ont souvent tendance à être tout au fond du magasin, ce qui nous oblige à traverser les « parties textiles » et autres (ustensiles de cuisine, jouets pour enfants / bonbons etc…) pour lesquels on n’est pas venu mais qui attirent l’oeil. Ça va même jusqu’à rendre certains rayons volontairement plus petits pour créer des « embouteillages » pendant lesquels on va regarder les produits (ce qui augmente les chances d’en prendre).
On peut aussi mentionner les forfaits mobiles qui sont un autre bon exemple : de nos jours presque toutes les offres sont des prix réduits pendant 6 mois ou 1 an avant de payer plein pot, très souvent sans engagement. S’ils le font c’est qu’ils y gagnent et que la majorité des gens ont probablement la flemme de changer après 1 an et restent à payer le plein tarif ! Ou encore des coups du style : « +2€ par mois pour un ajout dans ton offre (souvent ridicule ou inutile) mais tu peux refuser » (évidemment les gens ont la flemme de refuser et hop de l'argent en plus dans la poche du distributeur). Je pourrai continuer pendant des heures.
Par conséquent ceux qui sont « faibles » (trop faibles ou fatigués pour réfléchir après le boulot ?), ont tendance à être condamnés à rester très pauvres (car dépensiers) et dans le même temps on ne fait rien pour les pousser à réfléchir. « Tant pis pour eux ils ont qu’à à faire attention » ? Non, je vous laisse lire la partie suivante. Il n'y a plus d'amélioration constante de l'humanité depuis cette « découverte » (lié à la fabrique du consentement encore), il n'y a que l'enrichissement constant d'une minorité qui prend le temps de réfléchir sur le reste, la masse, qui elle est poussée à ne pas le faire. Et c'est ça qui est capital, je me répète. Si encore elle était poussée à réfléchir etc, mais ce n'est pas du tout le cas, c’est tout l’inverse. J’espère que c’est compris, c’est pour moi tout simplement de l’abus de faiblesse, tout comme on peut abuser de la faiblesse d’un enfant ou d’une personne âgée (sous forme de naïveté). A noter qu’en effet pas tous les commerçants ou entreprises le font, je ne dis pas le contraire. Mais j’ai quand même grandement l’impression que c’est majoritaire.
Pourquoi la population n’est pas poussée à réfléchir ? Parce que notre société actuelle est entièrement bâtie sur la consommation de masse, on achète et on pose des questions après.
Responsabiliser les gens détruirait le capitalisme tel qu’on le connaît aujourd’hui
Le pire en effet c’est que si nous le prenons dans l'autre sens, si le problème c'est que les gens sont c*ns et qu'il vaut mieux les responsabiliser et mieux les éduquer (et s'ils restent c*ns tant pis les boîtes ont raison d'en profiter), alors il faut le faire dès l'école, le plus tôt possible (logique). Or on est d’accord que ce n'est pas du tout le cas actuellement ? L'école c'est du bourrage de crâne : apprendre par cœur ses leçons et les recopier, que ce soit en Français, en Mathématiques ou en Histoire. On n'apprend nulle part à penser par soi-même, surtout en Histoire où il est clairement admis que les faits sont racontés par les « vainqueurs » (exemples avec la seconde guerre mondiale), alors pourquoi par exemple on n'essaie pas de se mettre à la place des « vaincus » pour voir s'ils n'auraient pas une autre version des faits pour ensuite peser le pour et le contre ? Les mathématiques sont abstraites avec des exemples tout aussi abstraits et comportent très rarement de réelles utilisations pratiques (pourquoi n’y-a-t-il pas de cours commun pour apprendre le fonctionnement des prêts et des taux d’intérêts ? Chose bien plus utile dans la vie de tous les jours que d’utiliser le Théorème de Thalès par exemple).
De manière plus globale, l’école ne nous apprend pas du tout à avoir un esprit critique sur ce qui nous entoure. On nous apprend plutôt les valeurs de la république (je ne dis pas que c’est mauvais ça évidemment), à « rentrer dans le moule » et faire comme les autres. Or sans critique, si tout le monde est pareil, il n’y a pas de comparaison, donc pas d’amélioration possible. Pour s’améliorer il faut constater un problème et chercher des solutions. Si on part du principe que tout est parfait on va droit vers la décadence… La plupart des grandes civilisations dans l’histoire se sont terminées de cette façon car les élites se complaisaient dans ce qu’elles avaient déjà sans rien chercher de plus, sans chercher à changer.
Si on en revient au sujet, le problème mesdames et messieurs, c'est qu’avoir un esprit critique c'est absolument contraire à la logique du capitalisme actuel où il faut au contraire consommer sans réfléchir. Si demain tout le monde se met à acheter beaucoup moins car on se rend tous compte tout à coup que plein de choses ne nous servent à rien (qu'on n'en a pas vraiment besoin, que ça ne nous améliore pas vraiment la vie, par exemple les jeux vidéo (et j'en suis pourtant un consommateur moi-même), la VR, une grosse voiture type 4x4 plutôt qu'une « normale », 3 paires de chaussures, encore un t-shirt en plus qu'on ne mettra pas etc..), le problème, c'est que toute l'économie va s'effondrer. Bon ok peut-être pas s’effondrer non plus, mais ça ne va pas rigoler pendant un moment. Demandez aux vendeurs de magasins comment ça se passe depuis le confinement quand personne ne pouvait sortir pour faire des achats !
Eh oui, car si les entreprises ne vendent plus, elles vont licencier, ce qui va créer du chômage et des gens qui ne peuvent plus acheter d'autres produits. C'est un cercle vicieux, le même qui a lieu lors de chaque crise économique. Pas de bol hein. Regardez la dernière en date, 2008 ! (Et probablement celle en cours avec le coronavirus).
On l’a sinon encore vu récemment avec les gilets jaunes en France : ils auraient causé des manque à gagner se chiffrant en centaines de millions et mis 59 000 personnes au chômage partiel, simplement avec leurs blocages et la fermeture forcée de magasins (par peur de pillages ou parce que les clients ne venaient pas ayant peur pour eux). Conclusion du coup c'est parfait : c'est impossible de responsabiliser les gens, puisque sinon notre système magnifique (irremplaçable et parfait apparemment) s'effondre, par contre les dérives du système c'est de la faute des gens qui ne sont pas assez responsables. La pauvreté c’est la faute des gens, ils ont qu’à faire attention à ce qu’ils achètent. Par contre s’ils arrêtaient d’autant acheter pour mettre de côté, la machine se gripperait car les entreprises ne vendraient plus assez. Vous voyez la logique ? Il y n'a pas un souci peut être ?
Dans tous les cas le système actuel atteint ses limites (écologie…) et doit changer
Certains pensent que c'est dans notre nature et que le capitalisme n'est que l'aboutissement de notre évolution. Par conséquent peu importe ses dérives et ses maigres défauts, il faut continuer, ceux qui sont contre c'est juste qu'ils ne veulent pas travailler. « Il n’y a pas d’autre alternative » hormis le communisme qui est bien pire. Sauf que non, le capitalisme est une construction humaine et en aucun cas un dérivé de notre évolution, de notre génétique. Pourquoi ? Il suffit de lire mon article de présentation du capitalisme. Le capitalisme existe depuis 200 ans, 500 maximum. On faisait comment avant alors ? Bien sûr la vie n’était pas toujours rose, c’était plus compliqué que maintenant très probablement mais il y avait bien des élites qui se complaisaient dans le luxe non ? Là où je veux en venir c’est que le système n’est que ce que l’on veut construire. Où est le progrès lorsque l’on détruit des écosystèmes à foison et que l’on se détruit nous-mêmes par la même occasion ? Et d’ailleurs, arrêter cette course folle à la croissance infinie dans un monde fini ne signifie pas forcément revenir au niveau de vie du Moyen Age !
La première chose à faire est donc de remettre tout ça en cause et d’accepter qu’il « faut changer ». Ensuite on trouvera d’autres idées, mais avant de les trouver il faut commencer par les chercher, ce que presque personne ne fait de nos jours (ils sont immédiatement décriés comme des rouges ou des verts irresponsables voulant nous faire revenir à la Préhistoire) … En bref, tout comme d’autres victimes nous pouvons nous rebeller et choisir le changement ! Il ne viendra pas des « élites » à qui tout ça profite soyez en certains.